Bonjour à tous, je voudrais partager avec vous cet article sur lequel je suis tombée il y a quelques jours, et qui comporte des informations très éclairantes sur la période que nous traversons : nous voyons bien dans la nature (phénomènes météo et géologiques extrêmes) de manière surprenante le reflet de la folie décadente humaine.

Très tôt dans leur histoire, les Chinois ont noté des correspondances et des concomitances entre des phénomènes humains, terrestres et célestes. On en trouve les premiers échos dans les textes inscrits sur des os divinatoires, dans les poèmes, puis dans les premières annales de la Chine.
Plusieurs siècles plus tard, vers le -IVe siècle, des philosophes inventèrent l’expression ganying, «résonance». Selon eux, les correspondances reposaient sur des affinités invisibles et sur un rapport d’influence réel entre les deux phénomènes concomitants.
C’est seulement aux -IIIe et -IIe siècles que des théories systématiques furent élaborées, d’abord dans le Lü shi chinqiu, puis dans le Chunqiu fanlu, enfin dans le Huainan zi.

On trouve, épars dans le Huainan zi, mais concentrés surtout dans le chapitre VI, les descriptions empiriques très variées des phénomènes de résonance entre des êtres appartenant respectivement au monde humain (de tous âges et de toutes classes sociales), terrestres (animaux, plantes, sol, eau, climat…) et célestes (soleil, lune, étoiles, planètes, comètes, souffles cosmiques…); puis des résonances si l’on veut “verticales” entre des êtres de chacune de ces trois sphères.

Extraits du Huainan zi :
«Quand on trace un dessin incomplet de la lune dans la cendre, le halo lunaire laisse voir une brèche; quand une baleine meurt, des comètes apparaissent. C’est que les uns stimulent les autres.» (p.267)

«Quand l’homme saint règne, il chérit le dao, ne profère aucune parole et, cependant, son influence bienfaisante atteint les dix mille peuples. En revanche, si prince et ministre se méfient l’un de l’autre, des segments de halos opposés se forment dans le ciel de chaque côté du soleil. C’est la preuve que les souffles spirituels résonnent les uns par rapport aux autres.» (p.267)

«Jadis, au temps où Huang di, l’”empereur Jaune” régnait sur le monde, […] les gens vivaient leur lot d’années et ne mouraient pas prématurément. Les récoltes mûrissaient en leur temps et échappaient à tout fléau. Les cent officiers étaient droits et sans partialité; supérieurs et inférieurs vivaient dans l’harmonie et n’outrepassaient pas leur domaine. Lois et ordonnance étaient claires et sans obscurité […]. A la campagne, les gens se cédaient mutuellement leurs biens […] Tous étaient purs d’intentions agressives. […] / Aussi, le soleil et la lune brillaient-ils d’un vif éclat, les astres et les repères sidéraux ne déviaient-ils pas de leur course. Vents et pluies arrivaient au moment propice et les cinq céréales croissaient jusqu’à maturité. Les tigres et les léopards ne mordaient pas de façon intempestive, de même que les oiseaux rapaces n’attrapaient point leurs proies inconsidérément. […]» (p.276)

 

«Abordons à présent l’époque de Jie des Xia
[Note : dynastie Xia : -2207 à -1766 env., et Jie, dernier roi des Xia, r. -1818 à -1766 env.
Jie représente le type du souverain corrompu qui a perdu le “mandat du ciel”.
Sous des souverains obscurantistes et sans clairvoyance, le dao* [*ref à tao : concept de philosophie chinoise (taoïsme)] se dissipa et ne fut plus cultivé. On abolit les sanctions clémentes des cinq empereurs et l’on piétina les recueils de lois des trois rois. Aussi la vertu parfaite fut-elle détruite et cessa-t-elle d’être exaltée; le dao des empereurs fut occulté et déclina. Dans la mise en œuvre des affaires, on offensa le ciel azur. Dans l’émission des proclamations, on contraria le cours des quatre saisons. / Printemps et automnes amenuisèrent leur harmonie; ciel et terre expulsèrent leur vertu.
Les princes des hommes occupèrent le trône, mais n’apportèrent pas la paix; les grands dignitaires dissimulèrent le dao et ne parlèrent pas franchement. […] Des hommes pervers s’acoquinèrent à deux ou à trois, formèrent des cliques et complotèrent en secret. […] – tout cela est tout à fait actuel !- / Les oiseaux furent touchés aux ailes en plein vol et les quadrupèdes atteints aux pattes en pleine course. Les montagnes furent dépouillées de leurs arbres géants et les lacs vidés de leurs eaux profondes. Les renards et les chats sauvages enfouirent la tête dans leur terrier; les chevaux et les boeufs s’échappèrent et se perdirent. Dans les champs ne se dressa plus la moindre tige de céréale; le long des chemins ne poussèrent plus ni jonc ni chet. […] /
[Les seigneurs], s’ils prenaient d’assaut une ville, ils massacraient les gens sans merci, renversaient les nobles et dispersèrent les os humains. Plus hautes furent les grandes tours d’assaut, plus élevés les remparts. Ils s’écartèrent du dao du combat pour suivre le chemin de la mort […] / Dès lors, le monde en arrive à utiliser des crânes d’homme comme appuie-tête, à manger de la chair humaine, à mettre dans la saumure des foies humains, à boire le sang des hommes et à la trouver plus savoureux que la viande des bovins et des porcs.»
– actuel également : les hécatombes d’oiseaux, d’immenses lacs qui se vident incompréhensiblement en une nuit, les arbres séculaires abattus, les saisons bouleversées… –

«On peut inférer que le ciel, la terre, l’espace-temps sont comme le corps d’un seul homme, et l’intérieur des six conjonctions comme le système régissant un seul homme. C’est la raison pour laquelle ceux qui sont éclairés sur la nature des êtres ne peuvent, ni par le ciel ni par la terre, se laisser impressionner. Ceux qui discernent le sens des signes ne peuvent être troublés par les choses étranges. […]» (p.335)
– une phrase qui résume beaucoup d’articles de ce site !-

«En ce mois, les arbres sont en pleine efflorescence. Nul n’ose les abattre ou s’y attaquer. On ne peut réunir tous les seigneurs, ni élever aucun ouvrage de terre, ni agiter les foules, ni lever des troupes, sous peine de se voir influencer une calamité envoyée par le ciel.» (p.221)

«Huang di l’ “empereur Jaune” dit : Qu’il est vaste et profond, celui qui se soumet à la majesté du ciel et participe du souffle primordial ! Est empereur celui qui participe du souffle, roi celui qui participe de la justice, hégémon celui qui participe de la force, perdu celui qui ne participe d’aucune de ces choses. Ainsi, lorsque le souverain des hommes a l’intention d’attaquer un autre pays, les chiens dans les campagnes se mettent à aboyer, les coqs à chanter en pleine nuit, les armes à remuer dans les rateliers et les chevaux de guerre à s’emballer dans les écuries. Si de nos jours, on laisse tomber les conflits et fait cesser le bruit des armes, si les vieillards peuvent dormir tranquilles chez eux, s’il n’y a dans les rues aucun attroupement, s’il n’advient ni prodige néfastes ni calamités, ce n’est point l’effet des lois, tout cela est suscité par des souffles essentiels.» (p.970)

«Au temps des siècles de décadence, […toutes formes d’exploitation de la nature par l’homme sont citées…] le yin et le yang en furent déréglés et bouleversés, les quatre saisons inversèrent leur cours, le tonnerre et la foudre causèrent bris et dégâts, la grêle et le grésil s’abattirent cruellement. Funestes nuées et brouillards, gelées blanches et neiges ne cessèrent plus; les dix mille êtres furent grillés et disparurent prématurément. Les arbres morts, les halliers, les mauvaises herbes s’accumulèrent sur les monticules et les talus bordant les champs. On coupa les petits joncs sauvages pour faire croître pousses et épis. Innombrables furent les végétaux aux bourgeons encore recourbés, porteurs de fleurs, chargés de fruits, qui moururent ainsi. […Cependant les souverains des hommes désirent toujours plus…] Voilà pourquoi les pins et les cyprès, les bambous à flèches jun et lu moururent l’été venu. Le Jiang, le « fleuve Bleu », le He, le « fleuve Jaune », et les trois rivières s’arrêtèrent et cessèrent de couler. On vit de grands boucs envahir les pâtis, des criquets volants emplir les campagnes. Le ciel fût desséché, la terre fendillée. […] Les bêtes […] devinrent féroces. » (p.334)
– voici encore un bon lot de descriptions actuelles : les saisons inversées, notre été avec son lot d’orages violents, de grêle, de brouillard… l’année dernière (ou la précédente) des gelées tardives avaient tué tout ce qui était sorti précocement à cause d’un temps trop clément trop tôt, et des pluies incessantes du mois de juin avaient jauni les feuilles des arbres qui jonchaient le sol dès le début de l’été comme à l’automne – sans parler des épisodes extrêmes partout dans le monde –

«Par leur vertu, les deux souverains concilièrent le ciel et la terre, […] On ne vit pas apparaître ni arcs-en-ciel doubles ni comètes. Tout cela provient de la vertu de ces deux souverains.» (p.16)
– beaucoup d’arcs en ciel doubles observés ces derniers mois ! –

«Les dispositions foncières du souverain des hommes communiquent en haut avec le ciel. Si celui-ci applique la peine de mort avec une excessive cruauté, il souffle de fréquentes bourrasques; s’il édicte inutilement lois et ordonnances, il y a dès lors beaucoup d’insectes et d’iarthésias; s’il fait massacrer les innocents, la terre se dénude dans les principautés; si ses ordonnances ne sont pas entendues, des pluies torrentielles s’abattent. / Les quatre saisons sont les serviteurs du ciel, le soleil et la lune ses messagers, les astres et les repères les marqueurs des périodes célestes, les arcs-en-ciel et les comètes les hérauts des interdits.» (p.104)

«Quand arriva l’époque de Yao, dix soleils se levèrent simultanément, brûlant les grains de céréales, faisant dépérir la végétation, de sorte que le peuple n’eut plus rien à manger.»

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Rappelons à grands traits la cosmologie du Huainan zi. Le monde tel que nous le percevons est le résultat de la fragmentation graduelle dans le temps et l’espace d’une unité primordiale où tous les êtres étaient simultanément présents les uns aux autres dans un état confus, indifférencié, non structuré. C’est hundun, «le chaos», et pu, «le brut», des origines. Les êtres gardent au plus profond d’eux-mêmes une sorte de mémoire de cet état originel d’unité et cherchent, par le truchement d’un réseau complexe de correspondances, à recréer la cohésion perdue; d’où le phénomène omniprésent de la résonance.

On peut concevoir la résonance comme une forme d’action à distance. Quel est le mécanisme de cette action ? La théorie de la résonance dans le Huainan zi n’est ni théologique ni finaliste; elle est du côté du naturalisme, de la cause efficiente et formelle. De plus, l’action à distance n’est pas l’acte créateur d’un être divin, mais opère spontanément à travers un médium, le qi, « souffle », souvent imperceptible, mais bien réel; ainsi, l’action à distance n’est pas vraiment à distance, puisqu’il y a un contact ininterrompu entre les deux configurations de qi, lesquelles, en un lieu et un temps donnés, s’influencent.

La résonance opère habituellement entre les membres d’une même chaîne (suivant les classifications de l’école du yin-yang et des cinq éléments), par exemple : bois (élément), est (direction), printemps (saison), vert (couleur), aigre (saveur), jue (note de musique), Fuxi (esprit), dragon vert (animal emblème), Jupiter (planète), Scorpion (constellation), etc.

Dans l’environnement toujours changeant, les chaînes de correspondance s’entrecroisent, constituant un tissu de fibres résonantes qui dessinent les motifs des dix mille êtres et de l’univers. Il s’agit de la résonance relative, limitée par les chaînes qui interagissent dans des conjonctures spatiotemporelles bien déterminées.

Cependant, dans l’optique du Huainan zi, la résonance véritable est totale. Seul “l’homme véritable”, fort d’une connaissance parfaite de l’univers, peut atteindre cette résonance totale.
«[…] Ainsi, celui qui communique avec l’harmonie suprême divague comme un homme parfaitement ivre; il s’abandonne aux douceurs d’un sommeil où il erre et s’ébat, sans qu’il sache comment il est parvenu à cet état. […] Tel est ce qu’on appelle “la grande communication”» (VI, 6b-7a).

La résonance exprime ainsi le cycle complet de l’intégration cosmologique, sociologique et psychologique des dix mille êtres : l’unité originaire, indifférenciée; le processus de différenciation graduelle dans le temps et l’espace; la tendance latente de la multitude des êtres à se réunir et à refaire l’unité originelle par la résonance relative; le retour à l’origine par la résonance totale (“l’homme véritable”).

(Source : Introduction au Huainan zi, par Rémi Mathieu et Charles Le Blanc, p.XXXVII à XL)

Voir aussi : «Tung Chung-shu (179-104 av. J.-C.), le plus grand savant confucéen de son époque, exprima cette idée centrale quand il écrivit que l’action de l’homme se mêle au cours universel du ciel et de la terre et provoque des réverbérations réciproques dans leurs manifestations. En raison de ce lien de proximité entre le ciel et la terre, les confucéens des Han croyaient que les événements anormaux dans le monde des hommes entraînaient le ciel à manifester des phénomènes anormaux dans le monde naturel. Ces phénomènes anormaux apparaissaient sous la forme de catastrophes ou d’anomalies. Les catastrophes représentaient les avertissements du ciel pour l’homme dans l’erreur. De tels avertissements pouvaient prendre la forme d’inondations, de glissements de terrain, de famines, et de tremblements de terre. Si l’homme persistait dans ses mauvaises conduites, malgré ces avertissements, le ciel faisait apparaître des anomalies étranges sous la forme d’éclipses du soleil et de la lune, de mouvements inhabituels des étoiles, de barbe qui pousse chez les femmes, ou de bébés qui naissent avec deux têtes. Si l’homme persistait dans le mal, sans tenir compte de ces signes du ciel, il était voué à la ruine. Au contraire, si l’homme agissait correctement, alors le système du monde serait harmonieux et bien gouverné.»
(Kenneth Ch’en, Buddhism in China, A Historal Survey, p.23, 1972)

– Mesdames, Melles, vu la conjoncture actuelle, on n’a plus qu’à aller faire le plein de rasoirs ! –

MESSAGE : Quelqu’un peut il m’éclairer sur ce à quoi ou à qui se rapporte “l’époque de Yao” je ne pense pas qu’il s’agisse de cette peuplade vietnamienne auquel cas il aurait été écrit l’époque des Yao
«Quand arriva l’époque de Yao, dix soleils se levèrent simultanément, brûlant les grains de céréales, faisant dépérir la végétation, de sorte que le peuple n’eut plus rien à manger.»
Je ne peux m’empêcher de vous dire que j’ai halluciné en lisant ce texte, Yao étant le nom de mon fils (rien à voir avec l’asie, Yao signifiant “petit prince” en togolais – ce choix car métis) donc pour moi “l’époque de Yao” correspond à notre époque et aux temps à venir, ou chaos et décadence sont déjà bien engagés !
…à surveiller les 10 soleils ! (pourquoi pas ? il y en a déjà eu 2 en 2010 – voir sur youtube, les vidéos ne sont pas fake, j’ai personnellement fait cette observation)

Coklico

source : http://newsoftomorrow.org/esoterisme/taoisme/la-resonance-dans-le-huainan-zi-ou-comment-le-comportement-de-lhomme-se-lit-dans-la-nature ou vous pourrez trouver l’article complet


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3 Commentaires
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ricardo
ricardo
Sep 9, 2014 4:04 pm

Gregg Braden parle dans son livre Vérité Essentielle que nous sommes apparue il y a environ 200000 ans , soit 30 cycles d’âge du monde et 2 ères glaciaires. Il indique que c’est seulement durant les 5125 années du présent âge du monde que nous avons développé l’habitude de la… Lire la suite »

Lyseann
Membre
Lyseann
Sep 9, 2014 11:55 am

Pensées créatrices. Egregores créateurs. Tous responsables à différent degré. Tous acteurs. Merci pour cet article. Rorschach a fait un article sur “La légende des 10 soleils et de l’archer Yi ” : http://leschroniquesderorschach.blogspot.fr/2014/07/la-legende-des-10-soleils-et-de-larcher.html Commentaire de Rorschach : Les 10 soleils représentent les 10 jours où le soleil ne s’est pas… Lire la suite »

Coklico
Coklico
Sep 10, 2014 4:37 am
Répondre à  Lyseann

Ah merci pour ces liens, Lyseann, j’ai ma réponse ! Finalement apparemment l’empereur Yao était bon, il sauva les habitants de la terre de la sécheresse causée par les 10 soleils, ses fils (qui ne voulaient plus aller faire leur job à tour de rôle, mais tous ensemble pour moins… Lire la suite »