Cet article a d’abord été publié par Gaetana sur ma-vie-quantique.com
« Tout est double ; toute chose possède des pôles ; tout a deux extrêmes
semblables et dissemblables qui ont la même signification. » [1]
Le principe de polarité trouve sa place à mi-chemin entre le premier et le septième et dernier principe légués par Hermès. Interdépendance oblige, pour expliquer le principe de polarité, je vais faire appel aux principes précédents, alors il est encore temps de vous familiariser avec eux si ce n’est déjà fait ! Il s’agit du principe de mentalisme, du principe de correspondance et du principe de vibration. Vous y êtes ? Alors voici une première approche du principe de polarité.
Observons le caducée d’Hermès. Les deux serpents s’éloignent à égale distance, à plusieurs reprises, de part et d’autre de la baguette de laurier centrale. A l’instar de nombres positifs et négatifs, semblables en valeur absolue et dissemblables par leur signe, qui se répartiraient autour du 0 central, représentant ainsi la polarité.
Imaginez maintenant une pièce de monnaie : on ne peut concevoir le côté pile sans la présence du côté face. La pièce porte en elle une chose et son contraire, et elle est pourtant bien une seule et même chose ! Autre exemple avec l’aimant qui possède deux pôles. Deux aimants, s’attirant par leurs pôles opposés, montrent d’ailleurs littéralement que « les extrêmes se touchent ».
Avant de s’intéresser à la dynamique physique qui permet de décrire et de réconcilier les paradoxes du principe de polarité – grâce notamment à la théorie de Nassim Haramein – nous allons voir que, l’univers étant mental, le principe de polarité s’applique avant tout aux pensées.
Le mouvement de la pensée repose sur le principe de polarité
« (…) Le choix est l’essence même du mouvement de la pensée. » [2]
Le principe de polarité renvoie à la question du choix [3]. En effet, qui dit polarité dit choix entre différentes vibrations, qui peuvent être – ou du moins paraître – opposées. Le mouvement d’une vibration à l’autre est assuré par la pensée, une pensée attirant toujours une pensée qui lui est vibratoirement similaire, jusqu’à s’arrêter temporairement sur un choix.
C’est alors que la pensée est suspendue. Temporairement, disais-je, parce que la pensée n’aime pas s’arrêter ! Mais à ce stade, elle a atteint une vibration telle qu’elle se trouve au-delà de la dualité. Ce passage est en général si fugace qu’on ne le perçoit pas. Il est néanmoins celui de l’immobilité [4], dans lequel il ne peut y avoir de choix. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun mouvement qui puisse différencier les choses dans l’immobilité, et permettre d’avoir un choix.
Moralité : si dans le monde des pensées – dans le monde relatif de la polarité – nous n’avons que l’embarras du choix, dans le monde absolu de l’Esprit, il n’en est rien.
Le relatif et l’absolu
« Toutes les vérités ne sont que des demi-vérités ; tous les paradoxes peuvent être conciliés. »
Que l’univers soit mental ne signifie pas qu’il soit irréel. Cela ne signifie pas non plus qu’il soit réel. Considérer l’univers comme irréel ou réel, c’est adopter le point de vue d’une demi-vérité. Le principe de polarité nous enseigne que tout doit être considéré du point de vue absolu et du point de vue relatif. L’absolu et le relatif sont en effet les deux pôles de la vérité pour les hermétistes, l’absolu étant « les choses telles que l’Esprit de Dieu les connaît », et le relatif « les choses telles que la plus haute raison de l’homme les comprend ». L’expression de cette sagesse étant bien sûr elle-même relative à l’évolution de chacun.
Du point de vue absolu du Tout, seul le Tout est réel, l’univers est une illusion. Toute illusion se déploie dans la sphère temporelle : l’univers n’a-t-il pas un commencement et une fin ? Et derrière la temporalité se cache la vibration, comme nous l’avons vu dans l’article sur le principe de vibration. Ainsi, le commencement et la fin sont relatifs. En effet, sur l’échelle des vibrations, où commence le début, où s’arrête la fin ? Toute fin est un nouveau commencement.
De notre point de vue – humain, mortel et relatif – l’univers est réel, vrai, et doit être considéré comme tel. Il est soumis à des lois inhérentes à son existence. Des lois qui, bien qu’elles soient de nature mentale, n’en sont pas moins implacables, nous contraignant à agir comme si les choses constamment changeantes étaient réelles et substantielles. C’est le divin paradoxe.
Ce paradoxe s’exprime à travers les deux pôles « opposés » (absolu et relatif) d’une même chose, respectivement : la Loi et les lois, le Principe et les principes, l’Esprit Infini et les esprits finis.
Le principe de polarité ou la réconciliation des paradoxes
L’univers étant soumis à la loi du paradoxe… il existe de nombreux paradoxes dans l’univers ! La théorie de l’univers connecté de Nassim Haramein a cela de remarquable qu’elle permet d’en réconcilier beaucoup. Je me suis d’ailleurs inspirée de ces « paradoxes qui peuvent être conciliés » pour la navigation de ce blog. Petit tour d’horizon.
Commençons par la géométrie fractale – liée au principe de correspondance – qui permet de réconcilier :
Le fini et l’infini
Une fractale se construit par homothétie : sa structure se reproduit à l’identique à toutes les échelles, et ce à l’infini. Autrement dit, une fractale tend vers l’infini, et pourtant chacun de ses niveaux génère une limite, d’où la notion de complémentarité entre le fini et l’infini.
Le déterminisme et l’indéterminisme
Nassim Haramein explique que :
« Une équation fractale est une répétition d’une équation qui est déterministe, mais quand vous la répétez elle se convertit en une retro-alimentation ouverte jusqu’à l’infini de sorte que vous avez un comportement complètement non linéaire, non déterministe. Ainsi à partir d’une équation très déterministe vous obtenez un résultat non linéaire complexe, et vous justifiez les deux côtés de l’Univers, la partie déterministe et la partie non déterministe. » [5]
Un univers fractal implique finalement que déterminisme et indéterminisme cohabitent, de sorte que tout est toujours en train de se déterminer. La retro-alimentation, la boucle de rétroaction, est comme une danse entre le déterminisme et l’indéterminisme.
L’ordre et le chaos
Non seulement l’indéterminisme et le déterminisme cohabitent, mais ils sont nécessaires à l’avancement de l’univers. En effet, ils aboutissent à la formation dans l’univers de structures constamment à la frontière entre l’ordre et le chaos : c’est ainsi qu’à la fois elles ne se dissolvent pas et évoluent. Ces structures, appelées structures dissipatives, sont des systèmes ouverts. En lien avec leur environnement, elles utilisent les fluctuations internes et externes permanentes auxquelles elles sont soumises pour organiser spontanément leur structure et se développer. Elles ont été mises en évidence par le chimiste et physicien Ilya Prigogine.
Nassim Haramein a également fait le choix a priori le plus complexe et le plus contraignant, celui de considérer les systèmes comme interdépendants (et non pas isolés). Pour finalement aboutir à une et une seule théorie de physique, plus simple, plus efficace et plus objective.
Et bien d’autres paradoxes…
Tout comme la géométrie fractale, le continuum vibratoire – lié au principe de vibration – permet de réconcilier des paradoxes :
La matière et le vide quantique, le mouvement et l’immobilité, l’onde et la particule : ils sont deux à deux de même nature – vibratoire – mais pas de même degré [6].
Intéressons-nous maintenant à ce qui relie, du point de vue de la physique, les opposés. Précisément, que dit la théorie de l’univers connecté ?
Le principe de polarité du point de vue de la physique
Dans l’univers, tout est en rotation. L’espace-temps tourne au niveau le plus fin – au niveau du champ de Planck – et ce faisant, crée la polarité, qui se propage jusqu’à l’infiniment grand [7].
Or, il n’y a pas de polarité sans géométrie. Nous avons vu dans l’article sur le principe de correspondance que la géométrie du vide – à la base de toutes les autres – combine deux géométries : celle du cuboctaèdre et celle de l’étoile tétraédrique.
L’étoile tétraédrique est composée de deux tétraèdres inversés. Sur la représentation ci-dessous, en deux dimensions, on observe 12 spirales de Fibonacci. Elles partent toutes du même point central – il n’y a pas de rotation sans point de référence – et se rejoignent aux 12 points nodaux de l’étoile, dont 6 points délimitent un hexagone central (ou cuboctaèdre en 3D).
Spirale de Fibonacci et nombre d’or
Examinons la spirale de Fibonacci. Basée sur le nombre d’or, c’est une fractale auto-similaire.
« [Le nombre d’or ] φ est le rapport entre la longueur b et la largeur a d’un rectangle R tel que, si on enlève de R le plus grand carré qu’il contienne, le rectangle restant R′, de longueur a et de largeur b−a, est semblable au rectangle initial (le rapport entre longueur et largeur est le même que pour R). » [8]
On peut le dire aussi d’une autre manière : (a + b) / a = a / b = 1,618 = φ
Pour tracer la spirale de Fibonacci, il suffit de répéter la construction Rectangle / Carré – ce qui peut être fait à l’infini. La spirale apparaitra alors dans les carrés successifs.
Le nombre d’or est le ratio que l’univers utilise pour se multiplier et se diviser lui-même à toutes les échelles. Nassim Haramein parle de systèmes hautement organisés qui génèrent des structures « particulières » – en réalité fractales – partout dans la nature.
La dynamique géométrique du l’univers
Mais revenons aux 12 spirales de Fibonacci qui forment l’étoile tétraédrique. On remarque que la moitié de ces spirales est orientée dans un sens, et l’autre moitié dans l’autre sens. Cette double orientation crée un champ composé de deux polarités inversées, et dévoile la dynamique géométrique de l’univers.
Pour mieux comprendre, on peut représenter les choses en 3 dimensions, c’est-à-dire en utilisant la géométrie du double tore. Structure de base de l’univers, le double tore permet à l’information de circuler. Non pas en ligne droite vers le centre, mais en s’enroulant en sens opposé à partir des pôles et en direction du centre. On peut également voir ce double mouvement comme une double rotation, où les deux tores tournent en sens inverse l’un de l’autre. De ce double mouvement, naissent les forces gravitationnelle et électromagnétique [9] de l’univers.
Les Chinois ont représenté cette dynamique par le symbole du Yin et du Yang, appelé Taijitu, qui n’est autre que le double tore vu du dessus.
Le Yin et le yang, symbole du principe de polarité
Les principes Yin et Yang représentent les incessantes transformations de tous les aspects de la vie et de l’univers. Notre vision occidentale nous les présente comme opposés bien qu’ils soient en réalité complémentaires. Ils évoluent dans un mouvement qui produit invariablement un passage de l’un à l’autre, offrant ainsi en continu une expérience de chaque principe.
Ce passage est uniquement le fruit d’une limitation mutuelle puisque le Yin se manifeste dès que le Yang arrive à son maximum, et inversement. L’un ne peut s’exprimer qu’en relation avec l’autre. C’est la raison pour laquelle chaque principe est toujours présent – et représenté comme tel – dans son « opposé », nous y reviendrons.
Dans la théorie de Nassim Haramein, il existe une analogie directe entre le symbole du Yin et du Yang et la dynamique de l’univers. Il existe en effet 64 combinaisons possibles du Yin et du Yang qui, pour le physicien, correspondent aux 64 tétraèdres formant la structure du vide, d’où tout émerge et où tout retourne [10].
Chaque combinaison est un symbole à six branches appelé hexagramme. En 3 dimensions, la seule géométrie qui puisse être générée avec six traits est un tétraèdre [11]. Polarité de l’univers oblige, un tétraèdre ne peut pas exister sans son inverse. Mais contrairement aux traits pleins du premier tétraèdre, les traits du second devront être segmentés pour que les traits des deux tétraèdres puissent se croiser. C’est la raison pour laquelle, selon Nassim Haramein, le plus ancien texte chinois, le Yi Jing [12], est constitué de traits pleins et de traits segmentés.
Une différence de degré
« Les pôles opposés ont une nature identique mais des degrés différents. »
Le Taijitu permet de visualiser des pôles semblables (de même nature vibratoire) et dissemblables (de degrés différents), engendrés par le principe de vibration. Ainsi, par exemple, le chaud et le froid sont en apparence opposés mais en réalité une seule et même chose ; ils se distinguent simplement par une différence de degrés.
Par exemple, il n’existe pas un chaud absolu ni un froid absolu. Les phénomènes de « chaud » et de « froid » n’existent que l’un par rapport à l’autre. Les hermétistes enseignent que « un degré est toujours plus chaud ou plus froid qu’un autre, on peut ainsi le qualifier de chaud ou froid sans se départir de la vérité. »
Notons que l’activité dominante est accordée au pôle positif (chaud), ce que vérifie d’ailleurs la loi de l’entropie : le transfert thermique va toujours du système le plus chaud vers le système le plus froid.
Principe de polarité, maturation et mutation
L’illustration suivante propose une vision des quatre saisons [13] en accord avec le Yin et le Yang : bien que l’été et l’hiver soient situés aux antipodes, il n’y a qu’une différence de degrés entre les deux (au sens de température et de vibration). Le Taijitu permet également de représenter le fait que lorsque c’est l’été dans un hémisphère, c’est l’hiver dans l’autre. Chaque principe ne peut donc jamais s’exprimer dans l’absolu, il est toujours relatif à son « opposé ».
La dynamique Yin/Yang repose sur la tendance de chaque pôle à, in fine, se transformer en son « contraire ». Le passage de l’un à l’autre se fait tout d’abord par une lente maturation, inéluctablement suivie d’une mutation. Dans le cas des saisons, on sait à quel moment la mutation va avoir lieu : lors des solstices.
Cependant, d’une manière plus générale, on peut ne pas avoir conscience de la phase de maturation, ou plus exactement de son état d’avancement. Si bien que lorsque la mutation apparaît, elle peut sembler arriver soudainement, si ce n’est sortir de nulle part. Si l’on est sûr qu’une énergie va inéluctablement se transformer en sa complémentaire, toute la difficulté est de savoir à quel moment cette mutation aura lieu [14].
Le principe de polarité et la loi de l’attraction
« Pour détruire une mauvaise période de vibration, mettez en activité le Principe de Polarité et concentrez votre pensée sur le pôle opposé de celui que vous voulez annihiler. Tuez l’indésirable en modifiant sa Polarité. »
Le principe de polarité, à l’instar des six autres, est avant tout mental nous l’avons vu. Ce qu’il nous enseigne de plus important est peut-être l’application pratique et concrète que nous pouvons en faire à travers l’Art de la polarisation. Pour cela, nous avons avant tout besoin de réaliser que notre transformation quotidienne est déjà présente et n’est qu’une question de curseur à déplacer : elle est accessible en polarisant différemment notre conscience et nos vibrations.
Et nous allons voir avec le principe suivant, le principe de rythme (bientôt en ligne), que tout n’est évidemment pas si simple !
Points clés
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Notes et références
[1] Sauf indication contraire, toutes les citations proviennent du Kybalion.
[2] BOHM David et KRISHNAMURTI Jiddu, Les limites de la pensée, Paris : Le livre de poche, 2006, p.115
[3] Je distingue le choix du libre-arbitre, voir l’article Le libre-arbitre existe-t-il ?
[4] Voir la section consacrée dans l’article sur le principe de vibration
[5] HARAMEIN Nassim, Nassim Haramein at Rogue Valley Metaphysical Library (1). Traduction disponible ici
[6] Voir l’article sur le principe de vibration pour plus d’explication
[7] Voir l’article sur l’espace-temps pour en savoir plus
[8] BUZZI Jérôme (2013, 29 mai), Nombre d’or, fractales et symétries, in CNRS
[9] C’est en fait le mouvement des trous noirs, présents à toutes les échelles dans l’univers. Voir la section consacrée dans l’article L’univers fractal et holographique.
[10] Voir l’explication en images
[11] Un tétraèdre est une pyramide à base triangulaire.
[12] Le Yi Jing est un livre de philosophie et de cosmologie qui peut également être utilisé pour la divination. Il repose sur 8 trigrammes et 64 hexagrammes, constitués respectivement de 3 et 6 lignes brisées ou continues.
[13] Notons que pour les Chinois il existe en réalité 5 saisons, la 5e saison représentant 1 mini saison intercalée avant chacune des 4 autres.
[14] Voir la section consacrée dans le dernier article sur l’effet papillon.
super article, merci beaucoup !