Pour préserver les terres de la bétonisation, la Ville est passé en 2012 de 40ha à 112ha dédiés à l’agriculture dans le Plan Local d’Urbanisation. La Ville verse une aide à l’installation pour les producteurs bio à hauteur de 20 % des investissements avec un plafond de 12 000 euros. Un nouveau maraîcher en bénéficie et la prochaine activité à être subventionnée sera un élevage de poules pondeuses bio.
Afin de fournir en produits bio et locaux sa restauration collective, la ville de Mouans-Sartoux a mis en place une régie agricole et embauché trois salariés. Lancée en 2011, l’expérience a tellement bien fonctionné qu’elle est devenue un modèle en France et en Europe.
Une régie agricole pour fournir les restaurations collectives
Située entre Cannes et Grasse, dans les Alpes-Maritimes, Mouans-Sartoux est une ville de 10 500 habitants. Sensibilisé aux enjeux sanitaires et environnementaux, l’équipe municipale de Mouans-Sartoux décide en 2008 d’approvisionner la restauration collective en produits bio et locaux. Seul souci, les quelques agriculteurs bio du département sont déjà débordés de commandes. La Ville décide alors de créer sa propre régie agricole.
« On avait déjà le terrain parfait : Haute Combes, un ancien domaine agricole de 6 ha qu’on avait pré-empté en 2005 car on on ne voulait pas le voir partir à l’urbanisation. On a tout de suite su qu’il serait irréaliste de viser l’autosuffisance alimentaire donc on a commencé par les fruits et légumes. Nous devons nous adapter au climat, les pommes et les poires par exemple ne poussent pas du tout chez nous, il faut aller les chercher dans l’arrière-pays. » explique Gilles Pérole, adjoint au Maire chargé de l’éducation, au téléphone pour La Relève et La Peste
La commune de Mouans-Sartoux a obtenu la certification agriculture biologique de cette propriété auprès de l’organisme de contrôle ECOCERT le 27 avril 2010. Aujourd’hui, trois salariés cultivent 4 ha sur les 6 du domaine. Ils produisent 25 tonnes de légumes qui représentent 85 % des besoins des 1300 repas servis chaque jour par la Ville (restaurants scolaires, crèches et fonctionnaires). Les 15 % manquants sont dû à un problème de saisonnalité. Pour y remédier et atteindre 100 % des besoins, la Ville a a mis en place une unité de transformation en surgélation qui fera des réserves pour l’hiver pendant l’été.
Le système de la cantine est une tarification sociale avec taux d’effort sur le quotient familial. Il n’y a pas eu de changement du tarif de la cantine scolaire car la Ville a voulu passer en 100 % bio à budget constant, notamment grâce aux économies réalisées sur une baisse de 80% du gaspillage alimentaire.
Sur 5 repas, les cantines scolaires servent deux repas végétariens par semaine : 1 vegan, et le deuxième avec des œufs. Il y a de la viande au menu deux fois par semaine, et du poisson une fois.
La Ville finance la régie agricole de 30 à 40 %. Le reste des financements provient d’appels à projets comme le programme national de l’alimentation, la Fondation Daniel et Nina Carasso et un projet européen. Les fonds sont débloqués à la Ville en échange de son expertise et de mise en place de projets alimentaires territoriaux. Mouans-Sartoux accompagne ainsi des collectivités et communes en France, au Portugal, en Italie, en Belgique, en Bulgarie, en Grèce et en Roumanie.
« On a volontairement choisi des lieux avec des contraintes géographiques, culturelles et climatiques très différentes car on veut prouver que ce modèle peut marcher partout. » précise Gilles Pérole, adjoint au Maire de Mouans-Sartoux, au téléphone pour La Relève et La Peste
La Ville a également co-créé, avec l’Université Nice-Côte d’Azur, un diplôme universitaire de chef de projet en alimentation durable pour former les personnels des collectivités territoriales, et tous ceux qui le veulent, à établir un diagnostic des territoires pour élaborer un plan d’alimentation territorial.
Impliquer les habitants pour protéger les terres de la bétonisation
Pour préserver les terres de la bétonisation, la Ville est passé en 2012 de 40ha à 112ha dédiés à l’agriculture dans le Plan Local d’Urbanisation. La Ville verse une aide à l’installation pour les producteurs bio à hauteur de 20 % des investissements avec un plafond de 12 000 euros. Un nouveau maraîcher en bénéficie et la prochaine activité à être subventionnée sera un élevage de poules pondeuses bio.
« On accompagne les porteurs de projets dans le sens où il ne suffit pas de classer des surfaces agricoles pour qu’elles soient cultivées du jour au lendemain, surtout quand ces surfaces sont privées. Notre constat au bout de 7 ans : il y a eu longtemps un accaparement foncier dans l’espoir que ça redevienne constructible, et depuis un an ça se débloque un peu, on a motivé 11 propriétaires de louer ou vendre des terres pour des projets agricoles. » détailleGilles Pérole, adjoint au Maire de Mouans-Sartoux, au téléphone pour La Relève et La Peste
Le classement des terres agricoles a été pensé de façon à générer le moins de crispations possibles. Avec la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable, Mouans-Sartoux veut structurer le projet d’autosuffisance alimentaire du territoire pour le pérenniser dans le temps, et s’assurer que les habitants soient partie prenante du projet, avec un accès à de la nourriture saine quel que soient leurs revenus. Ils sont encouragésà faire des petits potagers.
La Ville a mis à disposition 30 jardins familiaux, et chaque nouveau logement social comprend un jardin partagé. Des grandes jardinières ont été offertes aux habitants dans le village, beaucoup d’entre eux en ont choisi de planter des légumes.
A priori, la recette marche, car de nombreux habitants se déclarent attachés à la nourriture bio et locale, comme en témoigne une enquête où 87 % des parents de cantines scolaires ont précisé avoir modifié leurs habitudes alimentaires pour un régime plus végétal, bio et local. Dans un ménage, le coût des aliments bio est souvent rééquilibré par le fait de manger moins de produits issus d’animaux et ultra-transformés.
Les deux prochains projets pour Mouans-Sartoux : « le citoyen nourrit la ville » pour encourager l’autoproduction et la production solidaire en donnant des récoltes à l’épicerie sociale. Et la mise en place de la plateforme « viens jardiner chez moi » pour mettre en relation des propriétaires de jardin qui ne peuvent pas s’en occuper et des personnes motivées pour faire un potager et partager leurs récoltes. De belles promesses de lien social autour de la Terre.
Source : https://lareleveetlapeste.fr/une-ville-mise-sur-le-bio-et-le-local-et-devient-autosuffisante-en-alimentation/