Cinq jours, huit volontaires et une expérience peu ordinaire. Les “retraites de rue” invitent les participants à vivre dans les mêmes conditions que les personnes SDF. Explications.
Pendant cinq jours, ils ont décidé de vivre le quotidien des personnes sans-abri au cours d’une « retraite de rue » organisée à Paris. Présentation de cette initiative immersive, créée pour permettre aux volontaires de changer de regard sur les personnes à la rue, mieux les comprendre, appréhender leurs difficultés, leurs besoins et leurs vulnérabilités.
Cinq nuits dans la rue…
Ils commencent par laisser derrière eux téléphone portable, porte-monnaie, carnet d’adresses et sac à main. En échange, un grand cabas rempli avec le strict minimum, un duvet, un bonnet et un poncho en cas d’averse. Emmanuel Ollivier de l’Armée du Salut et Michel Dubois de l’association L’un est l’autre sont les co-organisateurs de cette retraite d’un genre nouveau. Ils expliquent au micro de France Inter les règles qui la régissent.
La première, c’est d’aller le plus loin possible dans le dénuement. La seconde est de rester transparent sur sa démarche, sans se déguiser, sans mentir lors d’éventuelles rencontres. Enfin, il faut rester groupés, et reverser les dons récoltés à des sans-abris.
Les huit participants à cette « retraite de rue » sont issus de milieux très variés. Certains gravitent déjà dans le secteur associatif auprès des plus démunis mais souhaitent aller plus loin dans la compréhension de leurs problématiques. D’autres, raconte Philippe qui en est à sa troisième retraite, viennent d’univers bien plus éloignés de la rue :
« Il y a un patron d’entreprise, un psychiatre, une assistante sociale… Des personnes qui vivent en toute autonomie financière, qui n’ont jamais été confrontées au fait de mendier »
… Pour mieux comprendre
Quatre jours après le début de la retraite, la journaliste retrouve le groupe, les traits tirés, les visages fatigués. Monica, venue d’Allemagne, et Igor, du Royaume-Uni, confessent avoir voulu jeter l’éponge à plusieurs reprises. Pour elle, c’était tout simplement le moment le plus difficile de toute sa vie :
« Les nuits étaient tellement rudes, je suis épuisée. J’ai compris la douleur de devoir se remettre à marcher lorsqu’on croit être arrivé. Cela rend malade, ou bien cela peut vous faire prendre n’importe quelle drogue ! »
Pour lui, c’est affronter les inégalités et l’indifférence qui s’est avéré le plus terrible à supporter :
« Marcher dans Paris le ventre vide, alors que tous ces gens étaient installés en terrasse. J’ai trouvé très difficile de ressentir à ce point cette séparation entre ces mondes parallèles, qui ne se rencontrent pas, qui ne se voient même pas ! »
Rencontrer les invisibles
Ramasser des cartons pour dormir dehors, faire des heures de queue lors des collectes alimentaires, subir la fatigue, oser mendier… Les participants durant cette courte expérience immersive ont pu prendre conscience de la dureté et de la violence de la vie dans la rue. L’occasion aussi d’ouvrir les yeux sur ceux qui, le reste du temps, demeurent invisibles :
« On se met par le hasard des rencontres à s’intéresser à des gens à qui, même avec la meilleure volonté, on ne s’intéresserait sans doute pas en temps normal. »
En France, les premières « retraites de rue » sont apparues il y a environ quatre ans. Inspirées d’un courant solidaire et philosophique américain, elles sont beaucoup plus répandues outre-Atlantique que chez nous. Pauline, l’une des participantes raconte comment ses proches ont réagi lorsqu’elle leur a fait part de son projet :
« Mon entourage n’a pas du tout compris ma démarche. Il y a même eu des réactions très violentes. »
Il faut dire que les « retraites de rues » restent encore confidentielles en France. Et les soupçons peuvent vite émerger… Se frotter à la misère durant cinq jours avant de retrouver le confort de son quotidien ne pourrait-il pas en effet être confondu avec du voyeurisme ? Si la démarche, proposée par des associations sérieuses, engagées auprès des personnes vivant à la rue, est louable, il faudra rester vigilant sur les motivations des participants. Que ces « retraites » demeurent un moyen sincère d’entrer en empathie avec les plus démunis et non une attraction ou un gage de bravoure à faire valoir autour de soi.
Car une expérience comme celle-ci pourrait bien s’avérer véritablement positive si la marque qu’elle laisse dans les esprits des participants parvient à demeurer dans le temps. Dans la même veine, à l’occasion du Grand débat, certaines associations, lasses de constater à quel point certains élus peuvent être déconnectés de la réalité avaient proposé que soient organisés des « stages de pauvreté ». Pas si bête, non ?
Source : https://positivr.fr/retraite-de-rue-vivre-cinq-jours-comme-sdf/?utm_source=POSITIVR&utm_campaign=5812919711-RSS_NEWSLETTER_QUOTIDIENNE&utm_medium=email&utm_term=0_6404d9f752-5812919711-20419191&mc_cid=5812919711&mc_eid=07a3f8b5b1
Note L. SM :
Aller vivre dans la rue et mendier sa nourriture est une pratique spirituelle chez les bouddhistes. Cela permet de vraiment s’en remettre à La Source (Principe Créateur Infinie Intelligence). Cela permet aussi de faire ressurgir des peurs et programmes profonds afin de les dissoudre par leur observation.
Il serait aussi intéressant de faire des retraites de prisons, pour avoir un peu plus d’humilité et de compassion pour ceux qui sont persécutés par le système et traités comme des animaux. Cela permet de développer le pardon, la patience et l’exploration du monde intérieur.
Vivre quelques jours dans un abattoir aussi… plus personne ne pourrait manger de viande ou de poisson s’ils voyaient réellement leur souffrance.
Si les juges et les politiques faisaient un stage en rue, et aussi en prison, le monde serait sans doute bien meilleurs qu’il ne l’est actuellement.
Un sage disait :
“Celui qui s’est jugé lui même, de façon profonde et complète, ne pourra plus jamais juger un autre”.
Namaste
L.
Bonjour,
Pour moi c’est bon, j’ai vécu presque un mois à Katmandu sans argent en janvier 1983.
Bien à vous.