L’histoire de ce manuscrit tient d’une multitude de recoupements passionnants tant pour l’historien que pour le bibliophile. Pour cette raison, le manuscrit, fruit d’un leg de plus de 80 ouvrages, réalisé par le théologien genevois Ami Lullin, en 1756, comptait plus que son lot de mystères. Prochainement présenté à Rome – on célèbre le 500e anniversaire de Léonard cette année – il partira également à Paris, pour une exposition au Louvres.
Mais alors, que doit le De divina proportione au génie toscan ?
La réalité décevra l’amateur d’énigmes, et ce, alors que de nombreuses théories avaient fleuri. La première d’entre elles, reliant Léonard à l’ouvrage (réalisé avec la peau de 30 moutons…), découle du nombre d’or, Phi. Car, en somme, tout dans ce livre sert à illustrer cette équation dont le résultat, à la manière de Pi, ne prend jamais fin : il existe, sans pouvoir être achevé… à la manière de Dieu, dit-on alors, dont le chiffre a tous les attributs.
De Divina proportione aligne ainsi les polyèdres réguliers, avec une justesse terrifiante : tétraèdre, hexaèdre, octa, dodéca ou icosa… n’en jetez plus !
Un nombre d’or, plus encore que le silence
Or, c’est à Léonard de Vinci que l’on doit l’introduction du nombre d’or dans les mathématiques. Et le lien entre le manuscrit et le génie toscan s’établissait d’autant plus aisément que Pacioli cite à plusieurs reprises Léonard dans son introduction. La confusion était faite, d’autant plus que Pacioli, Toscan comme de Vinci, a rencontré ce dernier.
C’est à la cour de Ludovic le More, à Milan, que les deux hommes firent connaissance, partageant leur passion pour les mathématiques. Autre panneau dans lequel il était aisé de tomber. Surtout que la lettre de dédicace d’un autre livre de Pacioli, De viribus quantitatis, attribuait les dessins à Léonard.
Mais voilà : les dessins de polyèdres réalisés et attribués à de Vinci ne lui doivent certainement rien – d’un point de vue formel. Léonard a très certainement proposé des prototypes de ces figures géométriques, que des illustrateurs ont alors imités ou recopiés. De Vinci en est bien l’inventeur, mais certainement pas l’auteur.
Une restauration salutaire
D’ailleurs, on comptait trois exemplaires du De divina proportione, bien qu’il n’en reste aujourd’hui plus qu’un. Les différences entre les deux manuscrits disponibles plaident plus encore pour la thèse d’une inspiration découlant de figures léonardiennes, et certainement pas en faveur de polyèdres dessinés de sa main.
La chance, rare, pour les Genevois présents ce 2 mars à la bibliothèque de la ville, fut donc de pouvoir admirer le manuscrit original – ainsi qu’un fac-similé reproduisant l’ensemble du livre. Par ailleurs, la bibliothèque a mis en ligne l’intégralité du livre numérisé.
D’autant plus rare que le manuscrit aurait pu disparaître : en 1916, une première intervention permet de le sauver d’une importante dégradation – causée par l’humidité et le développement de micro-organisme. À l’époque, c’est en le traitant au formol, méthode douteuse de nos jours, que l’on va détruire les bactéries nocives.
Puis, en 1992 et 1996, deux nouvelles restaurations interviennent : d’abord par le passage en chambre climatique, ensuite avec un traitement spécifique, appliqué à chaque page. Le comblage sur table aspirante va pallier les dégâts maladroitement réparés en 1916.
Les microdéchirures seront également corrigées avec du papier japon et de la colle d’amidon de blé. Enfin, une nouvelle reliure lui fut offerte – la première n’assurait vraiment plus grand-chose…
Pour l’avenir, le manuscrit, après sa traversée de l’Europe, reviendra dans les collections de la bibliothèque de Genève, avec un retour au calme. Car, si l’ouvrage a été consolidé, les déplacements ne lui valent rien de bon. Et l’idée serait bien de pouvoir le ressortir, dans 500 ans, pour fêter les 1000 ans de la naissance de de Vinci – quand bien même il n’aurait servi que d’inspiration…
A l’epoque qualifiée de “renaissance”, les polyhedres font partie de l’enseignement des mathematiques de la geometrie & “secrets de arts” pour les peindres , graveurs , architectes depuis ce de qu’on considere comme les ancetres de cette civilisation , comme en temoignent differentes oeuvres du XVIeme http://www.georgehart.com/virtual-polyhedra/intarsia.html https://fr.wikipedia.org/wiki/Melencolia_(Dürer) Leonard se… Lire la suite »
Si on démocratise la sauvegarde de données sur cristal ça devrait grandement changer la donne: http://www.elishean.fr/le-stockage-de-donnees-dans-le-cristal-de-quartz-va-tout-revolutionner/
Après se pose toujours la question de l’électricité mais je pense qu’avec une bonne petite installation hydroélectrique il ne devrait pas y avoir trop de soucis à se faire.