Note StopMensonges : Trump n’a rien choisi du tout ce sont les lobbies qui s’imposent à lui comme à chaque président un peu border line.
Le choix de Steven Mnuchin, ex-banquier de Goldman Sachs, comme secrétaire au Trésor semble paradoxal, alors que Trump n’a cessé de fustiger « les élites de la finance » lors de la campagne.
Wall Street fait une nouvelle fois son entrée à la Maison Blanche par la grande porte.
Steven Mnuchin, 53 ans, a été être nommé, mercredi 30 novembre, par Donald Trump pour devenir secrétaire au Trésor dans la prochaine administration américaine. Si cela fait plusieurs semaines que le nom de cet ex-banquier de Goldman Sachs et directeur financier de la campagne électorale du candidat républicain circulait pour ce poste, ce choix semble assez paradoxal par rapport à la rhétorique populiste de M. Trump. Pendant des mois, le président élu n’a eu cesse de fustiger « les élites de la finance », dont M. Mnuchin est un pur produit.
Sans expérience politique, l’homme va toutefois constituer une pièce maîtresse du nouveau gouvernement. Il devra notamment mettre en musique les baisses d’impôts promises par le nouveau président et lancer le programme d’investissements dans les infrastructures. Il sera enfin au cœur des discussions pour imposer des barrières douanières avec les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Fortune de 46 millions de dollars
Trump et Mnuchin ont un point commun : tous deux ont bénéficié de l’entregent et de la fortune de leurs pères respectifs. Si le premier intégra l’entreprise familiale spécialisée dans l’immobilier, le second, lui, suivra les pas de son père, associé chez Goldman Sachs. Après sa sortie de l’université de Yale, il fera une bonne partie de sa carrière au sein de la banque d’affaires en y restant pendant dix-sept ans.
M. Trump, qui a reproché pendant sa campagne à Hillary Clinton ses liens avec Wall Street en général et avec Goldman Sachs en particulier, a donc choisi de confier les clés de l’économie américaine à l’un de ses ex-dirigeants. Ce n’est pas la première fois que cela arrive : Robert Rubin et Henry Paulson, deux anciens de cet établissement, avaient aussi été nommés secrétaires au Trésor par, respectivement, Bill Clinton et George W. Bush.
Après avoir gravi les échelons jusqu’à devenir vice-président exécutif et amassé une fortune de 46 millions de dollars (43 millions d’euros), Steven Mnuchin quitte la banque d’investissement en 2002. Comme beaucoup de banquiers d’affaires, il rejoint ensuite un fonds spéculatif. C’est Eddie Lampert, son colocataire de Yale, qui le persuade de rejoindre sa structure, ESL.
Il y restera quelques mois avant de fonder son propre fonds, Dune Capital, avec deux anciens de chez Goldman, Daniel Neidich et Chip Seelig. Le nom fut choisi en référence aux dunes de sable visibles de sa luxueuse maison située dans les Hamptons, une région où de nombreux milliardaires de Wall Street disposent d’un pied-à-terre.
Entreprise sans scrupule
Son fait d’armes le plus spectaculaire consiste, en 2009, à monter un tour de table avec un groupe d’investisseurs dont Michael Dell, le fondateur du fabricant d’ordinateurs, et le célèbre spéculateur George Soros, afin de racheter IndyMac Bank, une caisse d’épargne spécialisée dans les prêts hypothécaires à risques qui venait de faire faillite après la crise des subprimes.
Placée dans un premier temps sous le contrôle du Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’agence fédérale qui garantit les dépôts bancaires aux Etats-Unis, la société a été reprise par M. Mnuchin et ses associés pour 1,5 milliard de dollars. Un montant largement inférieur à la valeur des actifs de la société.
Pour ses détracteurs, cette opération est le parfait exemple d’une opération de socialisation des pertes suivi d’une privatisation des profits. La FDIC a en effet assumé l’essentiel des risques. Selon l’association à but non lucratif California Reinvestment Coalition, l’agence fédérale a versé plus d’1 milliard de dollars pour couvrir le coût des saisies immobilières dans le seul Etat de Californie.
Délestée de son passif, la société se transforme en affaire juteuse pour les acheteurs, qui, dès la première année, se versent 1,57 milliard de dividendes. Rebaptisé OneWest, l’établissement est rapidement à la tête de trente-trois succursales et de 16 milliards d’actifs. En quelques années, l’organisme de crédit se bâtit une réputation d’entreprise sans scrupule, multipliant les saisies. OneWest fait également l’objet de plusieurs plaintes pour discrimination raciale dans la façon d’accorder ses prêts.
En juillet 2014, OneWest est revendu à CIT Group pour 3,4 milliards de dollars, soit une plus-value de 100 % en l’espace de cinq ans. Après le rachat, Steven Mnuchin est resté vice-président du conseil d’administration jusqu’au 31 mars 2016, fonction pour laquelle il a été rémunéré 4,5 millions de dollars par an. A son départ, il a eu droit à un parachute doré, qui, selon le Wall Street Journal, s’est élevé à 10,9 millions de dollars. Depuis, l’homme d’affaires s’était reconverti dans la production cinématographique en participant notamment au financement de superproductions comme X-Men ou Avatar.
Le président élu a eu l’occasion de faire sa connaissance bien avant cette année. Il s’était en effet adressé à lui pour financer un projet immobilier à Chicago avant qu’en 2008, les deux hommes finissent par se brouiller. Dune Capital refuse de prolonger la durée du prêt accordé à M. Trump, qui décide de l’attaquer en justice. Finalement, ils trouveront un arrangement. Pas rancunier, en avril 2016, le candidat républicain lui confie les cordons de la bourse pour sa campagne électorale. Alors que M. Mnuchin a participé au financement de plusieurs campagnes démocrates, son choix d’accepter la proposition du magnat de l’immobilier surprend à Wall Street. Mais six mois après, son flair s’est révélé une nouvelle fois payant.