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Il faut avoir clairement conscience que la Russie est engagée dans une lutte à mort pour assurer sa survie. Tous les coups bas lui seront assénés. Elle le sait et y répondra à sa façon : inattendue, asymétrique, décalée dans le temps et l’espace.

Au-delà de l’évolution de la situation du front, ou plutôt des fronts, dans le sud-est de l’Ukraine c’est à un ensemble d’autres fronts, plus lointains et de natures différentes, qu’il convient également de prêter attention. La dislocation des fronts dans le Donbass va entraîner la dislocation d’autres fronts et permettre des recombinaisons inattendues dont les répercussions dépasseront largement les berges du Dniepr.

Le front du Donbass
L’effondrement systémique de l’armée ukrainienne que nous pronostiquions comme probable il y a quelques semaines est désormais engagé. L’étau se desserre largement autour des villes martyres de Donetsk et Lougansk, de larges secteurs de la frontière avec la Russie sont désormais sous contrôle, des brigades entières de l’armée ukrainienne agonisent dans des chaudrons, les autres se replient en panique et en désordre. Il n’y a plus réellement de front au sens classique du terme, mais des unités de plus en plus éparpillées et sans coordination entre elles, incapables de la moindre action réellement efficace.
L’initiative est désormais l’apanage unique des forces armées novorossiennes qui obligent l’armée ukrainienne, les escadrons de la mort nazis et les mercenaires de l’OTAN à se retirer en hâte vers des positions tenables pour tenter de constituer d’hypothétiques fronts défensifs.
A l‘ouest, une première ligne envisageable serait un axe Zaporijie-Berdiansk… à condition de pouvoir rassembler rapidement les moyens suffisants. L’ampleur de la ligne de front que serait amenée à tenir une armée déjà sévèrement étrillée et démoralisée laisse plutôt envisager un repli s’articulant de Nova Kakhovka à la Mer noire le long du canal de dérivation du Dniepr à la Crimée pour tenter de sauvegarder Kherson, l’embouchure de l’artère vitale qu’est le Dniepr et l’accès à la mer. Avec la chute inévitable de Marioupol, Odessa est désormais le dernier grand port ukrainien… Mais pour combien de temps encore ?
Au nord, la priorité de l’armée ukrainienne est maintenant de se retrancher autour de la zone Zaporijie-Dniepropetrovsk. L’Ukraine déjà privée du charbon et de l’industrie du Donbass ne peut se permettre de perdre la centrale nucléaire de Zaporizhia qui fournit le cinquième de l’électricité du pays et le complexe industriel de la région… Dniepropetrovsk est également le verrou de la route de Kiev et de Kharkov. Il est probable que l’on envisage aussi une ligne de défense le long de la Psel, affluent du Dniepr selon un axe Soumy /Poltava pour protéger le flanc est de Kiev à défaut de pouvoir éventuellement tenir Kharkov…
Nous approchons de la configuration que j’évoquai déjà dans mon article de mai. Mais il convient d’être prudent : les offensives novorossiennes étendent démesurément les fronts, distendent les lignes logistiques, impliquent des effectifs et des moyens supplémentaires ou le risque d’un éparpillement dangereux des forces disponibles et de larges trous dans le dispositif. D’un autre côté, la rapide mutation de milices improvisées en une redoutable force armée, capable d’efficaces opérations combinées organisées par de véritables stratèges, laisse présager que ces difficultés ne sont pas ignorées et que l’on œuvre à leur trouver des solutions. La discrète aide russe n’y est probablement pas étrangère.
Les autres fronts qui s’ouvrent en Ukraine…
La Résistance se structure, s’étend et devient opérationnelle dans d’autres régions d’Ukraine : groupes anarchistes se revendiquant de Makhno dans la région de Zaporijie-Dniepropetrovsk, actions de sabotage et de guérilla dans la région de Kharkov. La liquidation d’un certain nombre de Rangers et de Bérets verts US dans la région de Marioupol dès le mois de juillet indiquait déjà que le front ne se limitait pas à ce que les aveugles correspondants de propagande occidentaux voulaient voir et surtout faire savoir.
Chaque nouvelle défaite, chaque nouveau repli des forces ukrainiennes se traduit désormais par l’entrée en lice de nouvelles forces de la Résistance et l’ouverture de nouveaux fronts sur les flancs, à l’arrière, et même dans les lignes de l’armée ukrainienne en déroute dans le sud-est.
Alors que l’on avait focalisé le discours et l’attention sur le Donbass pour mieux stigmatiser l’ « invasion » russe – invisible, mais indispensable au front médiatique, nous y reviendrons – des signes de plus en plus évidents de contestation autonomiste, voire carrément indépendantiste apparaissent dans d’autres parties de l’Ukraine. Là encore, comme nous nous en sommes plusieurs fois fait l’écho, la stupide surenchère ultra-nationaliste initiée par les partis néonazis a provoqué d’inévitables contrecoups redoutables. La persécution des minorités ethniques, linguistiques et culturelles, notamment aux confins de la Moldavie et de la Roumanie, mais aussi en Transcarpathie, alimente maintenant une contestation qui va s’amplifier et se radicaliser à mesure que Kiev sera en difficulté et que des partis politiques des Etats limitrophes, voire ces Etats eux-mêmes, s’impliqueront dans la querelle qui risque de vite aboutir à des conséquences désastreuses pour la stabilité des frontières en Europe centrale.
L’Ukraine disloquée par la conjonction des fronts
L’Ukraine va être broyée par la conjonction de plusieurs fronts :
– Le front novorossien qui, progressivement, va faire perdre à Kiev le contrôle de tout le territoire de la rive gauche du Dniepr.
– Les fronts, se structurant maintenant à grande vitesse, des autres mouvements autonomistes qui, à mesure de la déliquescence de l’État ukrainien, prennent de l’ampleur et seront bientôt tentés par le séparatisme.
– Le front des luttes intestines pour le contrôle du pouvoir – et surtout des richesses – à Kiev… et dans les fiefs détenus par les oligarques. Déjà s’affrontent, dans la perspective d’absurdes élections anticipées et pour se défausser du désastre qui vient, mouvements nazis, partis nationalistes faisant dans la surenchère ultra-patriotique et russophobe, oligarques et bouffons médiatisés qui se croient un destin d’hommes d’État parce qu’ils ont fait la couverture des magazines occidentaux. Dans l’affolement du désastre militaire à justifier auprès d’une opinion ukrainienne médusée il faut, à tout prix, trouver des boucs émissaires, faire tomber des têtes, sonner le clairon, exiger de l’audace, toujours plus d’audace… se montrer plus combatif et héroïque que l’autre sans pour autant rejoindre le « front ».
Et, le plus redoutable de tous, parce que totalement insensible aux combinaisons politiciennes, aux tractations diplomatiques, aux bakchichs : celui du Général Hiver. Certes, et depuis toujours, les Ukrainiens savent ce qu’est l’hiver ; mais celui qui s’annonce sera un long hiver de guerre et de disette. Il mettra cruellement en lumière toutes les erreurs, tous les mensonges, toute l’étendue du désastre militaire, de l’effondrement économique, toute la faillite de la pseudo-révolution du Maïdan. Les lignes de crédit des instances internationales ou européennes (qui faudra bien rembourser en livres de chair ukrainienne) servent uniquement à retarder un collapsus désormais inévitable. Les productions industrielle et agricole sont en berne, la monnaie dégringole, les réserves sont au plus bas, l’hiver approche… mais sans le charbon du Donbass et le gaz russe, et peut-être aussi sans l’électricité nucléaire de Zaporizhia !
Pour espérer tenir l’hiver, les dirigeants de Kiev – et qui soient-ils à ce moment-là – n’auront d’autre choix humiliant et contraignant que de quémander une aide. À l’Empire… ou à la Russie. Quel que soit le prêteur, il exigera – et obtiendra – des gages. Ce sera ça où l’effondrement systémique du pays, un chaos économique et social qui débouchera presque inéluctablement sur une guerre civile qui risque fort de ne pas se circonscrire au seul territoire ukrainien.
Chaque jour qui rapprochera du cœur de l’hiver éloignera d’autant la perspective d’un règlement diplomatique de la crise ukrainienne : négocier quoi avec qui ?
Les dirigeants novorossiens peuvent, sans guère de risques et en mettant de leur côté l’opinion publique internationale (la vraie, pas celle fabriquée par CNN et BFMTV), proposer le maintien de la Novarossia – entité largement autonome – au sein d’une Ukraine fédéralisée et neutre. Les nazis à la solde des États-Unis aux commandes à Kiev ne veulent pas en entendre parler et leur offrent ainsi sur un plateau une indépendance totale de facto puisqu’il leur est impossible de discuter avec des sourds fous furieux. Ce dont ils n’ont ni envie ni intérêt.
Les États d’Europe centrale (Pologne, Hongrie, Roumanie, Slovaquie) qui appuient discrètement les mouvements autonomistes/séparatistes dans le reste de l’Ukraine subiront, à leur tour, la tentation d’intervenir militairement sur un territoire ukrainien au bord de l’implosion. Avec, bien sûr, les meilleures intentions du monde pour justifier leur invasion « préventive » : protéger les minorités menacées, apporter une aide humanitaire et éviter la toujours annoncée et jamais constatée invasion russe. Et prendre de sérieuses options territoriales quand l’Ukraine subira le même sort que la Pologne du XVIIIe siècle…
Moscou se gardera bien d’intervenir dans ce cloaque créé par d’autres qu’il laissera s’empêtrer à leurs risques et périls dans une occupation militaire sans perspectives politiques.
Au final, l’Ukraine sera neutralisée aux frais de l’UE et de l’OTAN qui devront en plus se débrouiller avec les conséquences du chaos qu’ils auront semé. Au mieux, ils devront affronter un déferlement de réfugiés politiques et économiques ; au pire, une déstabilisation des régions limitrophes… voire même une contamination radioactive si le secteur nucléaire continue d’être confié à la garde des nazis de Pravy Sektor et de Svoboda…
La bérézina du front médiatique
L’hystérie des médias à la botte au sujet de « l’invasion russe » en Ukraine, au-delà du besoin d’appuyer la montée en puissance du dispositif offensif de l’OTAN face à la Russie et d’accentuer la mise sous tutelle des « alliés », répond aussi à la nécessité de justifier en catastrophe l’effondrement – totalement inattendu pour l’opinion publique occidentale et ceux qui la fabriquent – de l’armée ukrainienne, prélude à l’effondrement économique du pays. Alors que l’on rejouait le « scénario » habituel – rodé avec la chute programmée des régimes de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi – en annonçant la fin prochaine des « poches séparatistes» de Donetsk et de Lougansk… tout dérapa avec d’abord une défense opiniâtre qui déjoua tous les pronostics des « experts » puis une série de contre-offensives décisives qui laissèrent sans voix et sans plan de remplacement les « spécialistes » de l’OTAN.
Mais la surenchère dans l’hystérie provoque maintenant une dislocation du front médiatique. Elle ne peut plus réellement convaincre que la frange la plus abrutie à la propagande audiovisuelle des opinions publiques occidentales. Le reste oscillant en permanence entre le doute et le confortable déni. Comment justifier qu’en quelques jours une armée présentée comme victorieuse et en train de réduire les derniers foyers de résistance séparatistes s’effondre dans une débandade générale abandonnant matériel lourd, troupes encerclées et villes ? La seule « solution » est de recourir, une nouvelle fois, à la tarte à la crème complètement rance de « l’invasion russe » régulièrement claironnée depuis six mois.
L’invasion « prouvée » (comme les fantomatiques précédentes) par les affirmations péremptoires des mythomanes de Kiev, appuyées par des photos satellite d’une définition et d’une précision tellement médiocres que l’on en a presque pitié pour les publicitaires américains, et un faisceau « d’indices »… vite renvoyés à leur néant par Mister Obama himself, parlant seulement d’incursion et n’ayant pas la moindre envie (et les moyens ?) de voler militairement au secours de l’héroïque Ukraine néonazie piétinée par les traces invisibles des chenilles de chars russes virtuels…
Au final, le public occidental se retrouve face à un scénario mal ficelé et abracadabrantesque qui ne fonctionne plus que dans la fuite en avant outrancière et l’injonction contradictoire permanente… La surpuissante et victorieuse armée ukrainienne s’effondre devant une sauvage et redoutable invasion russe, rectifiée en simple incursion par les Etats-Unis et passée totalement inaperçue des observateurs de l’OSCE… L’OTAN hurle à l’invasion pendant que Washington se déballonne poliment. Kiev agressé, assiégé, outragé…négocie le prix du gaz avec Moscou. Et l’UE, jamais en retard d’une crise de dichotomie, annonce de nouvelles sanctions idiotes et appelle en même temps à d’indispensables négociations…
La propagande occidentale en est désormais un niveau de schizophrénie quasi himalayen et l’on a la désagréable impression de relire les pages qu’Orwell consacrait dans 1984 à la réécriture permanente de l’histoire, au formatage des esprits par la novlangue et aux plus invraisemblables retournements d’alliance présentés comme d’éternelles continuités. Dans le psychodrame ukrainien, le Big Brother médiatique a probablement atteint son acmé : le malaise et le doute commencent à s’insinuer dans les esprits occidentaux… Nombre d’Etats et de peuples se sont déjà fait leur religion : un camp qui se fourvoie ainsi et ment autant perd toute crédibilité et toute autorité morale. Au moment opportun, nombre d’entre eux sauront s’en souvenir…
La dislocation du front ukrainien entrainera l’activation d’autres fronts
Le changement brutal de régime en Ukraine a été voulu et organisé par les États-Unis pour ouvrir un nouveau front de l’encerclement/étouffement de la Russie et accroître l’assujettissement à l’Empire américano-sioniste de l’Europe terrorisée par la « menace » russe en lui faisant supporter tout le poids de l’opération.
Mais l’évolution de la situation militaire en Ukraine (l’actuelle et la prévisible d’ici l’hiver) fait que l’objectif initial est maintenant largement compromis : le large front que l’on voulait ouvrir sur le flanc occidental de la Russie menace désormais la stabilité (et peut-être bientôt l’intégrité territoriale) des États européens voisins… Le déploiement de batteries de missiles à quelque centaines de kilomètres seulement de Moscou ne peut plus désormais se faire qu’à partir des États baltes au nord et de l’ensemble roumano-moldave au sud.
Pour Washington, il est donc urgent d’ouvrir de nouveaux fronts et/ou d’en réactiver certains en sommeil… depuis peu.
Après la vague d’attentats terroristes qui avait ensanglanté la Russie juste avant les jeux de Sotchi, l’énergique et efficace réaction des Russes avait calmé les ardeurs des poseurs de bombes et douché les espérances de leurs commanditaires. On peut donc s’attendre à ce que les Américains, enrageant de s’empêtrer en Ukraine, décident… d’aller s’empêtrer dans de nouveaux bourbiers au Caucase et en Asie centrale en y fomentant et soutenant tous les groupes terroristes djihadistes, séparatistes ou autres qu’ils pourront embringuer dans une nouvelle guerre sale. Déjà l’EIL a répondu présent. Les tentatives de déstabilisation du Caucase ont débuté avec des tentatives – pour l’instant avortées – de rallumer la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur le sujet du Haut-Karabagh. Washington peut aussi espérer exciter de nouveau la Géorgie en lui promettant un soutien inconditionnel pour la reconquête des républiques séparatistes d’Ossétie du Nord et d’Abkhazie et l’accaparement de territoires russes en prime. Mais le « succès » de l’opération ukrainienne devrait inciter les dirigeants de Tbilissi à la circonspection.
Il est aussi à craindre que, profitant de l’énorme afflux de réfugiés du Donbass en Russie, des éléments des groupes nazis ukrainiens se soient déjà infiltrés et disséminés dans le pays pour y commettre – seuls ou en coordination avec des groupes djihadistes – des actions de sabotage et de terrorisme. Ils peuvent aussi compter sur le soutien de la cinquième colonne des ONG occidentales à pied d’œuvre dans le pays. La moindre preuve d’une collusion de ces dernières avec le terrorisme justifiera procès et expulsions définitives de ses succursales des services occidentaux.
Mais, avec les Américains, le pire est toujours à craindre car ils reculent rarement devant les plans les plus aventureux et les plus dangereux. Du moins au début…
La présence fort peu discrète de « touristes » en uniforme US en Moldavie laisse augurer de possibles opérations contre la Transnistrie pour y terminer le sale travail d’épuration ethnique et politique entamé au début des années 1990… et stoppé net à l’époque par la résistance opiniâtre de la population appuyée par des unités de l’armée russe.
Un autre front tout aussi délicat et explosif à gérer serait, avec la complicité active des Polonais et des Baltes, l’organisation d’un blocus terrestre de l’enclave russe de Kaliningrad et/ou la persécution des minorités russes dans les États baltes au motif qu’elles seraient inassimilables, acquises à Moscou et prêtes à prendre le pouvoir à Riga, Vilnius ou Tallin ou, à tout le moins, suivre la voie des russophones séparatistes du Donbass… On rentrerait là dans la politique à très hauts risques du « cracheur de feu au milieu d’une poudrière »… surtout avec des supplétifs aussi zélés et brouillons que les Polonais et les Baltes animés par une russophobie rabique.
Les contre-fronts russes surgiront là où on ne les attend pas…
Comme d’habitude, Vladimir Poutine prendra ses nouveaux fronts à contre-pied en ouvrant… de nouveaux fronts aux endroits les plus inattendus. En voici une petite liste non-exhaustive.
Le corps expéditionnaire colonial de l’OTAN en Afghanistan pourrait bien y rester plus longtemps que prévu et dans des conditions encore moins sûres qu’aujourd’hui où une bonne partie du territoire est déjà sous le contrôle de forces (talibans, résistants, minorités ethniques, seigneurs de la guerre) que ne contrôle absolument pas le régime de Kaboul… ou plutôt les régimes de Kaboul puisque l’imbroglio né des « élections » présidentielles n’est toujours pas démêlé entre les deux vainqueurs du scrutin… et l’administration Karzaï à l’affut. On ne peut en effet sortir de ce pays complètement enclavé qu’avec l’assentiment de ses voisins. Le passage par le Pakistan, en proie à un « automne des purs », est assez aléatoire… et, de toutes façons, devrait s’effectuer par des routes périlleuses tant en Afghanistan qu’au Pays des Purs. La voie par l’Iran est exclue. Ne reste donc… que le passage par la Russie (après avoir transité par les territoires du Turkménistan, de l’Ouzbékistan ou du Tadjikistan eux aussi complètement enclavés).
Bref, une redoutable souricière… que les Anglo-Saxons ont déjà expérimentée en 1842 quand un corps expéditionnaire britannique qui occupait Kaboul lors de la première guerre anglo-afghane avait été totalement exterminé lors de sa retraite ! En cas d’un – prévisible – « Niet ! » de Poutine si l’hystérie occidentale perdure, l’OTAN n’aurait d’autre solution qu’un coûteux pont aérien pour évacuer ses troupes en abandonnant sur place le plus gros de ses équipements…
La Russie qui a des intérêts au Proche-Orient pourrait très bien y contrarier les projets de l’Empire tout en protégeant ses alliés. La livraison de S-300 à la Syrie et éventuellement à l’Iran (et à un Irak chiite sous sa tutelle) condamnerait les États-Unis à une désastreuse guerre au sol s’ils voulaient vraiment combattre leur golem de l’EIL et en profiter pour déstabiliser encore plus la région avec leurs frappes aériennes « chirurgicales ».
Presque absent de la région depuis la disparition de l’URSS, la Russie y revient comme une alternative crédible et largement préférable à l’hégémonie américano-sioniste. L’Égypte et la Turquie, pourtant « alliés » des USA, ne sont pas en reste pour tisser de nouveaux liens avec le Kremlin tant dans le domaine économique que militaire. Un accord stratégique pourrait se profiler entre la Russie et la Turquie qui commence à comprendre que son alliance avec l’Empire américano-sioniste risque de lui coûter très cher.

Les Turcs ont déstabilisé la région au seul profit des Américains et découvrent que la même déstabilisation les menace à leur tour avec, aujourd’hui, l’EIL au sud et un « quasi-État indépendant » kurde revendiquant une partie du territoire turc à l’est ! Et demain, les forces djihadistes du front caucasien pourraient bien représenter une menace tout aussi mortelle.

Un accord, même implicite, entre Erdogan et Poutine permettrait le contrôle conjoint d’un Caucase toujours sous pression, ferait de la Mer noire un lac russo-turc et assurerait au sud, l’hypothèque djihadiste levée, des frontières sûres avec des obligés de Moscou. Le volet économique n’est pas non plus absent, d’autant que la Turquie pourrait bien devenir l’un des terminus et le bénéficiaire de la route de la soie ferroviaire que les Chinois construisent discrètement…
Il est évident que la « ligne de front » de l’OTAN (Finlande, Pologne, États baltes, Moldavie) fera l’objet d’un contre-front… économique et financier celui-là. Ces pays sont déjà les victimes les plus durement touchées par les contre-sanctions russes et Moscou va s’employer à les asphyxier économiquement. Interface naturelle entre l’espace eurasien et l’UE, les États baltes sont particulièrement dépendants des échanges avec la Russie (pour environ 50 % de leur PNB). Échanges qui se sont déjà fortement contractés ces derniers mois et qui vont encore baisser, affectant dangereusement des économies fragiles qui s’apercevront – trop tard ? – qu’elles n’ont aucun véritable soutien à attendre de l’UE. Leurs systèmes bancaire et financier ne sont pas à l’abri de violents soubresauts organisés qu’amplifieront encore fonds vautours et autres spéculateurs occidentaux qui n’hésitent jamais à travailler contre leur camp s’ils y trouvent leur intérêt. À cela pourrait s’ajouter, dans quelques mois – ou moins, au train où vont les choses… – l’annonce d’un prochain basculement du flux des échanges Eurasie-UE vers… la Mer noire au détriment de la Baltique.

Seconde partie à suivre…

Auteur : Chercheur du Temps


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