Un mystère entoure la découverte d’une pyramide dans le golfe du Morbihan, au sud-ouest de l’île Longue. Vestige mégalithe, amer, pierre tombée dans l’eau par hasard ? Serge Grispoux cherche des réponses depuis 15 ans.

Serge Grispoux (1) est plongeur amateur depuis de nombreuses années. En 2004, il découvre une forme pyramidale sous 20 mètres d’eau, non pas en mer Rouge, lors d’une plongée en Égypte, mais dans le golfe du Morbihan, au sud-ouest de l’ïle Longue.  « Aux Gorets exactement. Un spot de plongée bien connu des clubs locaux »,  signale Serge Grispoux.   Le dessinateur de métier prend des mesures, reconstitue une maquette de cette pyramide et effectue quelques recherches.

Serge Grispoux. | SERGE GRISPOUX

Du granit ?

« Elle semble taillée dans du granit, peut-être du porphyre. Elle possède trois faces lisses sur une base triangulaire, les angles sont vifs. La base de la pierre est située, par marée haute de coefficient moyen, à 23 mètres de la surface. Sa hauteur est de 1,70 m. Je l’ai mesurée pour en calculer son volume puis son poids. Elle doit faire environ 1,4 tonne. » Inutile de se précipiter :  « Nous avons fait une prospection aux détecteurs de métaux dans les alentours, pas de trésor ni de métal en vue. »  Mais la pyramide garde ses secrets.

Un triangle gravé dans la roche du tombant a été découvert à cinq mètres de la pyramide.  | SERGE GRISPOUX

Puis, cet été, les hypothèses sont relancées par la trouvaille d’un triangle gravé dans une roche, à 5 mètres de la pyramide. Serge Grispoux ne croit plus au hasard. «  Je pense qu’elle indique simplement la position de la pyramide. »

Mais d’où vient-elle ? Qui l’a posée là ? Pourquoi ?   « Nous avons imaginé trois hypothèses. La première est celle d’une roche tombée à l’eau par hasard, lors de manutentions. La deuxième est une formation volcanique comme la chaussée des géants en Irlande et la troisième est celle d‘un amer posé là, il y a des milliers d’années, quand le niveau de l’eau était plus bas »,  résume le plongeur.

Des vestiges dans le secteur

C’est cette dernière que Serge Grispoux privilégie.  « C’est plausible, estime-t-il.  Autour d’elle, nous avons un environnement que les archéologues datent de 4 500 ans av J.C. »  Sur l’ile Longue, il existe une allée couverte avec de drôles de gravures. Il y a aussi le tumulus de Gavrinis, l’îlot d’Er Lannic et ses deux cromlechs, l’un semi-immergé, le second totalement. Des fouilles ont daté ces monuments vers 3 500 av J.C.

L’eau monte depuis 18 000 ans

Yves Lagabrielle est géologue, enseignant chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Rennes.  « La première chose à faire est d’analyser la roche pour savoir s’il s’agit de granit ou d’autres choses. A partir de là, on peut travailler », commente-t-il en préambule. Le chercheur exclut d’emblée la formation géologique naturelle. Il n’écarte pas le fait que cette pyramide se soit retrouvée à l’air libre 8 000 ans avant J.C.  « Depuis 18 000 ans, nous sommes en période interglaciaire. A ce moment-là, le niveau de la mer était plus bas de 125 mètres par rapport au niveau actuel. »

Le mouvement épirogénique

Les glaces ne fondent pas uniformément.  « Certains glaciers fondent aussi par le dessous et quand ils s’effondrent, ils fondent encore plus vite. » Cette fonte est relevée grâce à la datation au carbone 14 des coraux. Elle suit une courbe très précise. La montée des eaux s’explique aussi par le mouvement épirogénique. Quèsaco ?  « Sous l’effet de la disparition des glaces, la plaque terrestre des pays nordiques remonte tandis que la plaque armoricaine a tendance à s’enfoncer. » Ce qui expliquerait ainsi la profondeur de 23 mètres de cette pyramide qui avait peut-être les pieds dans l’eau à son origine. Pour l’heure, elle garde son mystère.

(1) Serge Grispoux a publié un article sur le blog de Plongée-Infos


Ma playlist de méditation que vous pouvez entendre aussi en cérémonie :
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