Le Pr Even accuse les labos pharmaceutiques d’avoir créé « un énorme marché artificiel ». Avec l’aide, aveugle ou intéressée, de médecins universitaires qui leur servent de caution.
Voilà dix ans que vous dénoncez les médicaments dangereux et l’influence de l’industrie sur les prescriptions des soignants. Dans votre nouveau livre, vous accusez pour la première fois des personnes, et plus seulement le système.
Pourquoi avez-vous décidé de mettre en cause, nommément, des médecins ?
Comment distinguez-vous un médecin universitaire indépendant d’un autre sous influence ?
C’est-à-dire ?
L’industrie doit fabriquer des leaders d’opinion pour imposer sa molécule. Il lui faut des hommes-sandwichs pour porter la bonne parole en France, troisième marché mondial après les Etats-Unis et le Japon.Les noms de ces médecins apparaissent comme cosignataires dans des articles collectifs dictés par les firmes, où l’on compte jusqu’à 30 auteurs de pays différents.
Il ne s’agit pas d’un véritable travail de chercheur. Prenez le cardiologue parisien Philippe Gabriel Steg, qui détient le record du nombre d’articles publiés, 369 au cours des dix dernières années. Un article sérieux, c’est une année de travail. Lui publie tous les dix jours en moyenne !
Le Pr Steg se trouve être l’un de vos contradicteurs dans la controverse sur le cholestérol. Selon la thèse que vous défendez, le cholestérol n’est pas le coupable dans les maladies cardio-vasculaires et les médicaments destinés à le combattre, les statines, sont inutiles. Cette position vous a valu, en 2013, une tribune virulente intitulée « Non, monsieur Even ! ». Cinq des sept signataires sont épinglés dans votre livre, dont le Pr Steg.
Avez-vous cherché à régler des comptes personnels ?
D’où vient cette dérive, selon vous ?
Les dernières grandes découvertes des laboratoires pharmaceutiques datent de trente ans. Aujourd’hui, ils ne trouvent de vrais nouveaux médicaments que sur des créneaux étroits. Ils continuent à financer ces recherches, c’est la face noble de cette industrie. Mais ces petits marchés ne suffisent pas à faire vivre les entreprises.[(Alors, elles inventent des maladies bidon comme la préhypertension artérielle ou l’après-ostéoporose, pour lesquelles elles créent des médicaments bidon. C’est la face sombre de l’industrie. Et les autorités sanitaires, qui s’appuient sur des experts achetés par les laboratoires, cautionnent.)]
Y compris en France ?
Corruption, le mot est fort…
Vous-même affirmez ne pas avoir de lien avec l’industrie. Cependant, l’Agence de presse médicale a relevé récemment que l’Institut Necker, association dont vous êtes le président, a reçu des financements de nombreux laboratoires, parmi lesquels Servier, Pfizer, Astellas.
Ceux-ci ne devraient-ils pas figurer dans votre déclaration d’intérêts ?
J’estime que non, car ces fonds ne font que transiter par l’Institut Necker. Ce sont des équipes de recherche universitaires qui les sollicitent et les dépensent, pas moi. Je précise que les 250 contrats en cours bénéficient tous à une équipe, jamais à un chercheur à titre personnel.
Vous avez élaboré une méthodologie originale pour identifier les médecins sous influence.
Pourquoi l’avoir appliquée à une seule discipline, la cardiologie, et aux seuls hôpitaux publics parisiens ?
On pourrait économiser au moins 2 à 3 milliards d’euros en se dispensant des molécules inutiles, voire dangereuses, les statines, mais aussi les antiagrégants, la Bivalirudine – un anticoagulant – et les nouveaux anticoagulants. L’industrie s’est taillé un énorme marché artificiel, profitant de la coopération tantôt aveugle, tantôt intéressée, des cardiologues universitaires, essentiellement parisiens. C’est pourquoi j’ai centré mon travail sur eux.
Pensez-vous que la communauté médicale peut se remettre en question ?
Que faire, justement, en tant que patient ?
Source : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/des-medicaments-bidon-pour-des-maladies-bidon_1714042.html
©l’Express JPGuilloteau
Tout est fait pour forcer à prendre des médicaments quitte à tout polluer . De mon coter je considère ma nourriture comme un médicament et je note les changements en fonction de ce que je mange .