Pour Hans-Werner Sinn, le tiers de l’aide internationale a financé des sorties de capitaux. (Keystone)

Pour Yanis Varoufakis, seulement 10% de l’aide internationale a profité aux citoyens. Les suspects habituels, les hedge funds, ont joué un faible rôle, et généralement haussier, sur la Grèce

A qui les 325 milliards d’euros d’aide à la Grèce ont-ils le plus profité? «Seuls 10% sont allés jusqu’aux citoyens, mais 90% sont restés aux mains des intermédiaires financiers», affirme Yanis Varoufakis. Nombreux sont ceux qui contredisent le ministre grec des Finances sortant. C’est le cas de Hans-Werner Sinn, président de l’institut IFO, à Munich. Celui-ci propose de considérer l’augmentation de la consommation grecque par rapport au revenu national net. Elle est passée de 95% aux débuts de l’euro à 110% avant la crise financière et 113,7% aujourd’hui. «C’est le plus haut niveau de la zone euro, explique-t-il dans une étude. Les citoyens grecs ont financé l’augmentation de la consommation par la dette.»

Ceux qui ont sorti leur argent de Grèce s’inscrivent aussi au rang des gagnants de la crise, selon l’économiste allemand. Il s’agit d’une part de banques, françaises et allemandes, d’autre part de Grecs eux-mêmes. L’essayiste affirme qu’«un tiers de l’aide a servi au financement du déficit de la balance courante, un tiers au service de la dette grecque et un tiers au transfert de fortunes grecques hors du pays rendu possible par les crédits d’urgence de la BCE». Les anecdotes faisant état d’investissements grecs sur les marchés immobiliers de Londres et de Berlin abondent.

«Les bénéficiaires de la crise sont nombreux», confirme Karsten Junius, chef économiste de J. Safra Sarasin. Il s’agit de «ceux qui ont sorti leur argent du pays ainsi que des Grecs qui profitent de marchés protégés ou de rentes de situation (fonctionnaires, agriculteurs, personnes très tôt retraitées), donc aussi bien des entrepreneurs que de petites gens».

Les grandes banques commerciales sont également sur la liste des gagnants dans le sens où leurs engagements ont été transférés aux organismes supranationaux et aux Etats, donc vers les contribuables, explique le site Zerohedge. Selon Barclays, le risque grec des banques allemandes est tombé de 45 à 13,51 milliards de dollars depuis 2009. Celui des banques françaises de 78,8 à 1,8 milliard (voir le graphe).

L’Allemagne n’a-t-elle pas profité du manque de compétitivité des pays périphériques? Elle a connu, selon Zerohedge, un «âge d’or de son industrie d’exportation, grâce à une monnaie unique plus faible que le mark».

Les hedge funds sont des candidats tout désignés au rôle de proie. En l’occurrence, leur rôle a été, contrairement à la crise de 2012, dérisoire ces derniers temps, selon nos sources dans les milieux des fonds alternatifs. George Soros et une vingtaine de hedge funds auraient été sanctionnés pour avoir vendu les banques grecques à découvert.

A l’inverse, plusieurs hedge funds ont parié sur un sauvetage de la Grèce, à l’image d’Emerging Sovereign (Carlysle Group), devenu le deuxième actionnaire de la National Bank of Greece, à fin mars. Ou de Third Point, l’un des plus grands hedge funds, qui a lancé un Hellenic Recovery Fund en 2013. Lansdowne Partners enfin est devenu le deuxième actionnaire de l’opérateur du port du Pirée, mais il aurait réduit sa participation de moitié, selon Bloomberg.

Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/acb4e186-24da-11e5-9a9f-be4265bf5f16/Les_banques_ne_sont_pas_les_seules_gagnantes_de_la_crise_grecque


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