Nous ne faisons pas allusion à une dépression atmosphérique – à un typhon, un ouragan ou un cyclone – mais à une dépression économique, pire que la Grande Dépression qui a fait suite au krach boursier de 1929 (1) dont ma mère parlait en masquant sa voix avec effroi comme si de l’évoquer risquait de la réveiller. En ce temps-là, l’idéologie et les cérémonies étaient empreintes de mysticisme animiste.

« Alors que Macron et les médias sont optimistes, les clignotants sont au rouge partout dans le monde. Ray Dalio, le fondateur milliardaire de Bridgewater, le plus gros « hedge fund » au monde, vient de déclarer qu’il estime la crise inévitable d’ici deux ans au plus tard. (…) La France continue à s’enfoncer dans les dépenses publiques, qui sont passées de 300 milliards d’euros, en 1991, à plus de 1.200 milliards d’euros aujourd’hui. Alors que la fonction publique représente 5,4 millions d’individus, Macron persiste et envisage la suppression de 120.000 postes en quatre ans, soit 2,2 %, ce qui correspond au simple non-renouvellement des départs à la retraite» (2)

Ce que M. Rousset oublie de dire c’est que Macron et sa bande de pions ne peuvent réduire la consommation de l’État et atrophier ses fonctions encore davantage sans précipiter une crise économique et socialeMacron presse le citron autant qu’il peut sans éteindre ses feux.

« Le Financial Times reconnaît, aujourd’hui, publiquement dans un article signé par le journaliste John Authers, qu’il a menti en septembre 2008 pour défendre l’intérêt général, car la planète fut à deux doigts d’un effondrement total, en cachant le fait que les banquiers de Wall Street faisaient la queue aux guichets pour retirer leur argent personnel et qu’AIG avait reçu une aide d’urgence de 8,5 milliards de dollars pour payer les CDS « Credit Default Swap» qu’elle garantissait. » (2)

Les produits dérivés pour faire grimper les cours boursiers

Les « Credit Default Swap », dont les ‘subprimes’ sont un exemple, sont des produits boursiers dérivés, fruits toxiques de la « titrisation » des actifs financiers, qui permettent le transfert du risque, des banques vers d’autres institutions financières, telles que sociétés d’assurances, fonds de pension et fonds d’investissement. En expansion très rapide depuis les années 2000, ce que les spéculateurs appellent le Shadow Banking représentait environ 45 000 milliards de dollars à la fin 2016, selon un rapport du Conseil de stabilité financière, soit au moins 13,4% de la totalité des actifs financiers. Ces activités sont logées dans des pays à la fiscalité avantageuse, aux États-Unis pour 31,3% du total mondial, en Chine pour 15,5%, aux Îles Caïman pour 10,3%, en Suisse et dans d’autres paradis fiscaux pour le reste, ce qui prouve bien que le mal est congénital et non une infection particulière à certaines économies parasitaires. (3)

Autre exemple de Shadow Banking, les dix dernières années ont vu l’hypercroissance des GAFAM (Google, Apple, Amazon, Facebook, Microsoft) qui sont passés de 7 à 20% de la capitalisation totale des actifs américains et dont la valorisation apparait abusive. La société Natixis révèle que les immenses profits recueillis par les entreprises multinationales depuis 2004 n’ont pas servi à rembourser leurs dettes ou à payer leurs investissements, mais ont plutôt servi aux rachats de leurs propres actions ce qui a gonflé artificiellement les cours boursiers au détriment du pouvoir d’achat des salariés et des retraités. Cette pyramide de Ponzi qu’est devenue le marché boursier implosera bientôt victime de ces pratiques toxiques que nulle force politique ni aucune puissance économique ne peut contraindre. Ce sont les lois du système qui commande la gérance des instances et jamais l’inverse.

« Madame Danièle Nouy, de la BCE, a mis en garde contre la prochaine crise en raison de la bulle immobilière provoquée par la baisse des taux d’intérêt : « Nous savons avec certitude qu’il y aura une nouvelle crise. Mais nous ignorons quand et pour quelle raison. » (sic). Les déficits américains, au-delà des discours rassurants des médias et de Trump sur la croissance, sont passés sous silence par les médias, car ils explosent (…) probablement 1.000 milliards de dollars en 2019 ! La BCE avance en somnambule vers l’arrêt, en fin d’année, de son programme baptisé QE », a déclaré l’économiste Carsten Brzeski, de chez ING DiBa. Les rachats nets de dette sur le marché vont passer, en octobre 2018, de 30 à 15 milliards d’euros malgré les risques italien, espagnol, grec, turc, argentin et les tensions commerciales avec Washington. Les taux sont maintenus à zéro et les banques vont continuer à payer un intérêt négatif de 0,40% sur leurs dépôts excédentaires. Quant au bilan agrégé des principales banques centrales dans le monde, il est passé de 12% du PIB des pays respectifs, en l’an 2000, au chiffre monstrueux de 40%, ce qui démontre l’épidémie mondialiste généralisée du laxisme monétaire. » (4)

Ce que Marc Rousset doit comprendre c’est que les banques centrales n’ont pas d’alternative. Elles sont obligées de maintenir les monnaies à flot en émettant toujours plus de crédit (de liquiditésinon ce serait l’effondrement immédiat des marchés, et donc des monnaies par ricochet, et de l’économie mondialisée, entraînant la dépression immédiate. Les fonctionnaires banquiers et les oligarques financiers prennent les décisions adéquates en fonction des mécanismes du système économique capitaliste. C’est le système qui est à la limite de ses capacités et qu’il faut éradiquer sans chercher à le réformer.

« L’euro est au bord du précipice puisque, selon le dispositif «Target 2», qui correspond au paiement entre banques centrales, la Bundesbank détient plus de 1.000 milliards d’euros de créances tandis que l’Italie est débitrice de plus de 460 milliards d’euros, qui ne seront probablement jamais remboursés. (…) Les banques espagnoles ont perdu la moitié de leur valeur, tandis que la Grèce est en faillite malgré la « fake news » ahurissante que tout va bien. Les prêts à la Grèce ont été reportés à 2032, la Grèce ne payant que les intérêts de sa dette, ce qui fut le cas lors de la crise des ‘subprimes’. » (5)

La crise financière de 2007-2008 (la plus importante depuis celle de 1929) a éclaté quand les banques ont haussé les taux d’intérêt et resserré les conditions de crédit afin d’assurer une meilleure rentabilité des placements immobiliers. La faillite de la banque Lehman Brothers ne fut pas la cause, mais la conséquence de cette incapacité des emprunteurs-consommateurs surendettés de rembourser leur dette. (6) L’escroquerie des produits boursiers dérivés de type ‘subprime’ n’est qu’une arnaque de plus, imaginée par les banquiers afin de faire durer cette pirouette financière désespérée. La présente situation du système financier globalisée est dix fois plus risquée, avec le cumul des dettes des particuliers et des États souverains. Ce qu’il faut comprendre c’est que les banquiers ne sont pas incompétents ou écervelés et ils ne souffrent pas d’Alzheimer, ils ne font qu’appliquer les lois inexorables du système économique capitaliste moribond.

Ne leur pardonnez pas, car ils savent ce qu’ils font

« Quant à Dominique Strauss-Kahn, il vient de déclarer : « Imaginez que demain la Deutsche Bank ait des difficultés. Ce n’est pas les 8 % de capital dont elle dispose qui vont résoudre le problème. » Pendant ce temps, Goushi Kataoka, un membre inconscient du directoire de la Banque du Japon, appelle à encore plus d’assouplissement quantitatif, alors que la politique en vigueur consiste déjà en un taux à court terme de -0,1 % et un taux sur dix ans de zéro ! » (7)

Goushi Kataoka n’est pas un inconscient, au contraire, ce banquier est très pragmatique et il comprend qu’il vaut mieux poursuivre sur la lancée du crédit débridé puisque d’augmenter les taux d’intérêt ne fera que miner immédiatement le fondement bancal de l’édifice financier mondial. La dispute entre banquiers se résume à ceci : attendre plus tard ou provoquer immédiatement la faillite des banques et du système financier mondialisé. M. Kataoka souhaite attendre. Jérôme Powell gouverneur de la FED suggère de plonger immédiatement, et la BCE planifie le crash pour décembre 2018.

« Selon l’économiste suisse Egon von Greyerz : « Il est trop tard ; les gouvernements sont en faillite et il n’est plus possible de réduire les dettes. Tout gouvernement qui essaie de lancer des plans d’austérité se fait immédiatement renvoyer. Les déficits et l’impression monétaire vont s’accélérer, et on sera en route vers une dépression hyperinflationniste. »

L’économiste suisse von Greyerz est réaliste vous ne devez pas en douter. Les lois du système économique capitaliste ont mené le convoi plombé à la limite de ses capacités – le capitalisme ne peut gérer – administrer – gouverner – finalement rentabiliser et faire fructifier plus de « capital » qu’il ne le fait déjà, ce qui amène ce système à susciter l’apparition de malversations financières qui ne constituent que de futiles parades pour retarder l’inévitable débandade monétaire-financière-commerciale-industrielle-économique-politique et finalement morale et idéologique.

Source : Robert Bibeau, les7duquebec via aphadolie


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1 Commentaire
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Thierry Poget
Membre
Thierry Poget
Sep 24, 2018 1:43 pm

Bon et après …?